Carnets de lecture – « L’école à travers le cinéma. Ce que les films nous disent sur le système éducatif » (A. Derobertmasure, M. Demeuse et M. Bocquillon)

Le 7e art peut-il être le reflet du Monde, de la société ? Doit-il  l’être ? C’est une question qui pourrait mener des débats philosophiques durant des heures, voire des jours.

Le Cinéma est, sans le moindre doute, un média par lequel des instants sont saisis, des positions sont prises et il est vecteur à la fois d’évasion et de réflexion. Dès lors, l’Ecole n’y fait pas exception. Loin s’en faut !

Qui n’a jamais interrogé les figures enseignantes de la sage d’Harry Potter d’un point de vue pédagogique ou sociologique ? Quel enseignant ne s’est pas laissé interpeler par la posture de Robin Williams dans « le Cercle des Poètes disparus » ? Certains enseignants ont peut-être trouvé leur orientation professionnelle avec le film P.R.O.F.S. en découvrant Patrick Bruel, Fabrice Luchini et Laurent Gamelon faire leurs armes dans le lycée qui les employait.

L’Ecole et son système éducatif sont souvent mis en scène et, tel un miroir (déformant ou non), renvoie une vision de l’Ecole et de ses acteurs, interroge les pratiques et l’évolution (possible) du système scolaire.

Comment l’éducation est-elle représentée au cinéma ? Quels types de professeurs sont portés aux nues, ou au contraire décriés ? Les enseignants doivent-ils s’inspirer des films pour adopter une posture performante face aux élèves ? Comment les différentes réalités de la vie scolaire et du quotidien des élèves sont-elles abordées ?

Dans cet ouvrage dirigé par Antoine Derobertmasure, Marc Demeuse et Marie Bocquillon, 25 contributions abordent ces aspects passant de la figure de l’élève, de l’image de l’enseignant, des représentations ou encore de la manière d’aborder la culture cinématographique en classe.

Cet ouvrage invite à la fois à la réflexion tout en (re)plongeant le lecteur dans ses souvenirs, dans sa propre perception des films.

Par ailleurs, la découverte peut se poursuivre à travers le blog de Marc Demeuse, https://ecole-cinema.blogspot.com, qui y partage des liens et d’autres pistes. On a d’ailleurs, particulièrement apprécié, de se prêter au quiz proposé sur les films.

Un ouvrage à lire tant pour le plaisir que pour la (re)découverte des films analysés et de la réflexion qu’il nous procure sur l’Ecole et le système éducatif !


Extrait (disponible sur Fnac.com)

Chaque film que nous avons identifié aborde tantôt la petite histoire de l’École, tantôt la grande. De nombreux genres cinématographiques « classiques » sont convoqués, pour ne pas dire tous, et l’École est révélée sous toutes ses coutures. Elle est au cœur :

  • de comédies (Le Maître d’école en 1981 ; P.R.O.F.S en 1985 ; Un Flic à la maternelle en 1990 ; Rock Academy en 2003 ; etc.), voire de caricatures (Bad Teacher en 2011 ; Les Profs en 2013 ; etc.),
  • de drames (La Journée de la jupe en 2008 ; Detachment en 2011 ; etc.) ou de comédies dramatiques (Le Cercle des poètes disparus en 1989),
  • de reprises (Les Choristes en 2004, sur la base de La Cage aux rossignols réalisé un demi-siècle plus tôt) ou d’adaptations de romans ou même de bandes dessinées (L’Élève Ducobu en 2011),
  • de films fantastiques (L’incroyable Madame C. en 2002 ou la saga des Harry Potter de 2001 à 2011), voire d’horreur (Carrie au bal du diable en 1976), même si ces deux derniers exemples sont en fait des adaptations de romans,
  • de reportages et de documentaires (Être et avoir en 2002 ; Ce n’est qu’un début en 2010),
  • de comédies musicales (comme la franchise High School Musical de Disney, lancée en 2006),
  • de biopics (Écrire pour exister en 2007), et même de nombreuses séries (Le Collège fou fou fou de 1985 à 1987 ou Great Teacher Onizuka [GTO] de 1999 à 2000, tous deux tirés de shōnen/shōjo mangas nippons ; Sauvés par le gong de 1989 à 2000, Parker Lewis ne perd jamais de 1990 à 1993 ou Ned ou comment survivre aux études de 2003 à 2007 pour les séries américaines ; ou L’Instit de 1995 à 2005 pour un exemple francophone).

Ces réalisations proposent de multiples représentations de ce qu’est (ou n’est pas) l’École et le grand comme le petit écran véhiculent des images très variées des enseignants – plus ou moins sympathiques et compétents –, des élèves – cancres ou génies –, des parents, des directeurs, des inspecteurs ou conseillers d’orientation, etc. Il est dès lors très difficile de proposer des listes exhaustives ou même ordonnées de manière totalement indiscutable.

Genèse de l’ouvrage

Le projet à la base de ce livre date de plusieurs années. Nous avions conçu l’idée d’exploiter certains films pour illustrer différents cours ou parties de ceux-ci à l’Université de Mons. Si des extraits étaient choisis pour leur caractère illustratif ou humoristique, propre à introduire une question particulière, à faire réfléchir, à analyser une pratique…, d’autres documents présentaient l’avantage de constituer une sorte de culture partagée d’une certaine forme scolaire, même s’il s’agissait d’une fiction, voire d’un film que l’on pourrait qualifier de fantastique, comme dans le cas de la saga « Harry Potter ». C’est à propos de cette saga, ou plutôt de son cinquième épisode, Harry Potter et l’Ordre du Phénix (Rowling, 2003 pour la version française) que nous avons élaboré notre premier texte, publié dans la revue « Caractères » (Demeuse et Derobertmasure, 2012) et qui est présenté dans cet ouvrage, dans une version remaniée.


QUIZZ: Des films pour (re)penser l’école… vous les reconnaissez?

 

École et cinéma – Blow up – ARTE