Des pistes pour « rendre l’enseignement plus savoureux »

Le site https://cursus.edu propose un article intitulé « 6 ingrédients pédagogiques (et basiques) pour rendre l’enseignement plus savoureux ». Des pistes intéressantes à explorer !

Source : https://cursus.edu/articles/43580/6-ingredients-pedagogiques-et-basiques-pour-rendre-lenseignement-plus-savoureux


1.     Adoptez un modèle d’enseignement explicite, direct, structuré et actif

Un enseignement systématique, structuré, explicite, procédant du simple au complexe est nettement plus efficace[2] qu’un enseignement par découverte pour assurer la réussite scolaire des élèves. Une synthèse de recherches regroupant pas moins de 180 études sur les élèves du primaire en difficulté de Swanson & Hoskyn[3] de même que celle de Swanson[4] portant sur les élèves du secondaire en difficulté en arrivent aussi aux mêmes conclusions. Le National Reading Panel, dans son rapport de synthèse sur la lecture, souligne que les élèves apprennent mieux par des méthodes plus analytiques et systématiques que par des méthodes globales. La synthèse de recherches de Gersten et Baker[5] sur l’écriture va dans le même sens. D’autres éléments issus de recherches empiriques indiquent six balises que devraient prendre en compte les enseignants :

2.     La révision

La répétition est la mère de l’apprentissage (Proverbe russe)

Tout enseignant qui donne des devoirs à ses élèves mais ne les corrige pas ou n’y retravaille pas par la suite en classe s’expose à voir cette activité perdre de l’intérêt aux yeux de ses élèves. Tôt ou tard ces derniers ne les feront pas ou n’y mettront pas tous les efforts nécessaires. Cette stratégie perdra de son effet alors qu’elle aurait pu être très utile pour atteindre un niveau d’automatisation plus élevé dans l’apprentissage de certaines habiletés. Quand, dans une leçon, l’enseignant veut introduire un nouvel élément de contenu, il faut évidemment qu’il revoie les savoirs et habiletés préalables nécessaires à l’apprentissage de ces nouveaux contenus. Ce rappel des connaissances antérieures est important car il réactive la mémoire et rend disponibles les éléments de savoirs dont les élèves auront besoin pour le nouvel enseignement qui sera fait.

3.     La présentation

C’est la façon de présenter les contenus par petites étapes, du simple au complexe afin de bien contrôler le niveau de difficulté de la tâche. L’enseignant qui présente un contenu nouveau énonce clairement les objectifs de sa leçon[6]. Il peut présenter un bref résumé de la leçon ou exécuter la tâche devant les élèves et alors « penser à haute voix ».
Par exemple, dans sa présentation d’un concept, l’enseignant fournit des exemples et aussi des contre-exemples. Le contre-exemple permet de renforcer la compréhension d’une définition. L’enseignant vérifie constamment la compréhension des élèves par des questions. Dans un enseignement explicite, direct ou structuré, l’enseignant doit constamment questionner afin de mesurer le degré de compréhension de ses élèves.
En effet, on apprend plus au travers des (bonnes) questions que des réponses. Et qui cesse de poser des questions a honte d’apprendre. Lorsque j’enseigne ou facilite une formation, j’utilise régulièrement les questions pour maintenir la connexion entre les apprenants et moi, me rassurant ainsi qu’ils me suivent tout au long du parcours d’apprentissage.
La réponse à certaines questions me permet ainsi de pouvoir ajuster le contenu pédagogique afin de combler les zones d’incertitudes. Car le plus important dans une formation ou dans l’éducation, n’est point de tout donner, mais de donner ce qui est utile et important pour l’apprenant. Des savoirs adaptés à leurs besoins et qui leur permettront de résoudre les problèmes et questions qu’ils rencontrent dans leur quotidien.
Il est ainsi important de solliciter la réflexion des élèves plutôt que de rechercher une réponse rapide aux questions posées. Outre le fait de les interroger fréquemment, il faut aussi leur donner des clés de compréhension[7]. Par exemple, pour aider les élèves à comparer telle chose à telle autre, l’enseignant leur présente une feuille pour faciliter la comparaison : deux colonnes, des paramètres de comparaison. Ce genre de clés guide l’élève et rend plus aisée sa compréhension et sa réalisation de la tâche à exécuter.

4.     La pratique guidée

La pratique guidée est une stratégie pédagogique essentielle et, malheureusement, plusieurs enseignants n’y accordent généralement pas suffisamment de temps. Une fois qu’il a présenté la tâche à réaliser, une fois qu’il a modelé ce qu’il y avait à faire devant les élèves, l’enseignant les met au travail.
À ce moment-là, plutôt que de demeurer à son bureau, il circule à travers les allées et va voir comment les élèves réagissent à la tâche demandée, et ce, afin de saisir de quelle façon le message envoyé a été compris. Il faut susciter des réponses de tous les élèves et continuer la pratique jusqu’à l’obtention d’un haut taux de succès. Au besoin, donner des explications additionnelles et poursuivre jusqu’à l’atteinte de la fluidité.
Cette étape est favorisée par le travail d’équipe qui permet aux élèves de vérifier leur compréhension en échangeant des idées entre eux. Trop souvent, on pense que ce qu’on a dit a été retenu tel qu’énoncé. Or, il y a un monde de différence entre ce que l’enseignant présente et ce que les élèves retiennent. C’est en circulant dans les allées lors de l’étape de la pratique guidée que l’enseignant va pouvoir déceler le niveau de compréhension des élèves, la quantité et le type d’erreurs qu’ils font, si l’incompréhension est limitée à quelques élèves ou généralisée à la moitié de la classe.

5.     La correction et la rétroaction

L’enseignant peut donner de la rétroaction au fur et à mesure quand les réponses sont correctes mais encore hésitantes. Il peut donner une rétroaction plus soutenue, et même ré-enseigner quand les réponses des élèves sont erronées. Il peut aussi fournir aux élèves des listes d’auto-vérification pour qu’ils assurent par eux-mêmes le suivi de leurs apprentissages.

6.     La pratique autonome

À un moment donné, il faut que les élèves soient capables de faire de manière autonome. Il est donc important que les élèves s’exercent suffisamment pour arriver à un niveau assez important de réussite. L’enseignant, lors de la pratique autonome, observe constamment la performance des élèves pour être bien certain que des erreurs ne soient pas intériorisées et généralisées. Il faut donc donner au début un aperçu de la tâche à exécuter et du soutien. Ensuite les élèves pratiquent jusqu’à l’automatisation.
Cependant, il est important de ne pas trop laisser souvent les apprenants trop tôt tous seuls, et, si on le fait, il faut prévoir des tâches à leur portée au risque de les mener au découragement et la démobilisation. L’enseignant supervise la pratique autonome et souligne que le travail sera corrigé. Il utilise également des routines pour soutenir les étudiants plus lents.

7.     Les révisions hebdomadaires et mensuelles.

« Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. – Nelson Mandela ».

Il est important de réviser fréquemment ce qui a été enseigné, de ré-enseigner ce qui n’a pas été maîtrisé. La question du transfert est discutée abondamment depuis quelques années. Il est important de retenir qu’il n’y a de transfert possible que si les connaissances ont été acquises et retenues[8].

Commencer par acquérir les bases

Au regard des études consultées, il s’avère qu’un enseignement structuré présente plus de potentiel qu’un enseignement par découverte comme approche pédagogique de base pour assurer tant la réussite des élèves d’une classe que celle de toute une école.

Notes et références bibliographiques

[1] Cet article est la suite d’une réflexion entamée sur les conditions favorisant un apprentissage optimal. Un de ces articles est disponible ici : Elongué Christian, « Comment faire de tous les étudiants des modèles ? », consulté le 26 janvier 2020
https://cursus.edu/articles/43059/comment-faire-de-tous-les-etudiants-des-modeles
[2] Bissonnette, S., Richard, M., Gauthier, C. (2006). Comment enseigne-t-on dans les écoles efficaces ? Efficacité des écoles et des réformes. Québec : Presses de l’Université Laval.
[3] Swanson, H.L, Hoskyn, M. (1998). Experimental Intervention Research on Students with Learning Disabilities: a Meta-Analysis of Treatment Outcomes. Review of Educational Research, Vol. 68, n°3, pp. 277-321
[4] Swanson, H.L. (2001). Research on interventions for adolescents with learning disabilities: A meta-analysis of outcomes related to higherorder processing. The Elementary School Journal, 101(3), 331-348.

[5] Gersten, R., Baker, S. (2001). Teaching Expressive Writing to Students with Learning Disabilities: A Meta-analysis. The Elementary School Journal. vol. 101, no. 3.

 

[6] Elongué Christian, « Comment le théâtre épice et renouvelle la transmission des savoirs ? », consulté le 27 janvier 2020,
https://cursus.edu/articles/43206.
 

[7] L’ouvrage de Pressley et Woloshyn (1995) intitulé «Cognitive strategies instruction that really improves children’s academic performance« présente une série de stratégies validées par la recherche pour aider les élèves à réaliser des tâches demandées.

 

[8] Acquises signifie bien comprises et retenues veut dire qu’elles ont été suffisamment pratiquées pour être prêtes à être mobilisées lorsque requises.