Le réseau CANOPE a mis en ligne une plateforme dédiée à l’esprit critique en classe. On y trouve de nombreuses ressources pratiques, mais aussi des références théoriques et des interviews d’experts.
La fiche méthodologique consacrée à la mise en place d’un débat en classe est particulièrement bien faite.
Le débat : méthodologie
Débattre ne s’improvise pas mais nécessite de poser des cadres qui favorisent la mise à distance des « questions vives » et l’appropriation de connaissances disciplinaires et de compétences transversales.
Le débat doit permettre d’ouvrir une réflexion à plusieurs points de vue et progresser au fil de la discussion pour dresser un tableau approfondi du sujet. Le débat à visée philosophique comporte une étape supplémentaire (après le questionnement et le dialogue critique) : celle de la recherche coopérative de la “vérité”.
Quand cela est possible, le thème peut être présenté plusieurs jours avant la séance de travail soit par un support visuel (photogramme, iconographies, tableaux, vidéos, etc.) soit par la mise en place d’un espace réservé où les enfants peuvent inscrire leurs réflexions ou leurs propositions. Cela permet à beaucoup de pouvoir s’exprimer et de prendre le temps de la réflexion.
Animer un débat nécessite pour l’animateur/enseignant de s’être renseigné et enrichi de plusieurs sources sur le sujet abordé au préalable, afin d’être en capacité de rebondir et de relancer le débat constamment par rapport aux remarques et questions.
Les temps du débat :
- Préparer et présenter le lieu de la discussion : le cadre compte ! Pour mener à bien un débat philosophique avec des enfants, il est recommandé d’installer un lieu propice à l’échange : chaises en rond ou en arc de cercle, carré de tables.
- Il est ensuite nécessaire d’annoncer les règles du débat : respect de la parole de chacun, modalité de circulation de la parole (bâton de parole, lever de main ou autre), répartition des rôles entre l’animateur/enseignant et les enfants (président de séance garant des règles de la discussion, secrétaire de séance, maître du temps et tout rôle jugé utile pour rendre le groupe le plus actif possible). Il est important que les règles de prises de parole et d’écoute soient partagées et bien claires pour tous. L’animateur/enseignant doit rester garant de la bienveillance et de la qualité des propos.
- Présenter le sujet, faire émerger les représentations et les connaissances des enfants sur le sujet, cueillir les questions, les problèmes et les intérêts sur le sujet. Plusieurs possibilités pour cela : brainstorming, expression libre, à partir d’images, temps de réflexion individuel sur son utilisation du numérique, débat mouvant (positionnement des enfants dans une pièce en fonction de leur adhésion à une proposition : d’accord/pas d’accord/rivière du doute). L’animateur/enseignant peut également poser directement une question à visée philosophique, c’est-à-dire une question ouverte, qui permet la réflexion à plusieurs points de vue. Ce type de question ne permet pas de réponse par oui ou non, ne concerne pas un fonctionnement, n’est pas scientifique. D’une manière générale, elle plutôt commence par : “Comment ?”, “Pourquoi ?”, “Pouvons-nous dire que…?”,
- Installer le débat : une fois la question posée et affichée pour que chacun puisse s’y référer à tout moment, il convient de laisser le débat s’installer dans le groupe. Les enfants vont s’exprimer sur le sujet dans l’objectif d’argumenter, d’expliquer son point de vue, son accord ou désaccords avec celui d’une autre personne. Il n’y a pas de but à atteindre dans la discussion, pas de bonne réponse à chercher. L’animateur/ enseignant a un rôle important à jouer. Animer un débat c’est : ne pas donner son avis, faire avancer une discussion, la relancer, identifier les arguments qui vont nourrir des positions, reformuler, résumer les idées principales, faire des synthèses intermédiaires et savoir réagir aux arguments développés.
- Quand l’animateur/ enseignant s’est assuré qu’aucun enfant ne veut ajouter quelque chose, il peut alors synthétiser les idées qui ont été apportées pendant le débat et mettre en lumière les accords et les désaccords sur le sujet ; le temps du débat ne se conclue en effet pas par une “réponse”. Cette synthèse peut donner lieu à la rédaction d’une phrase, sagesse du jour, à garder pour la suite.
La méthode de l’aquarium
Dans la méthode de l’aquarium, un groupe débat au milieu de la salle de classe ou devant. Le reste de la classe observe les débatteurs et leur rend compte, à la fin, de leur comportement lors du débat. L’exercice s’appelle l’aquarium, car les participants au débat sont observés comme des poissons dans un aquarium. Les observateurs et les participants alternent leur rôle.
Dans la méthode de l’aquarium, il s’agit d’entraîner à l’adoption d’un comportement approprié lors d’une discussion ou d’un débat. Cette méthode est donc un objectif d’enseignement. Les participants ont bien sûr besoin d’un sujet, mais le contenu du débat est ici au second plan.
Télécharger l’article « L’aquarium » issu de l’ouvrage 52 méthodes pratiques pour enseigner de Wolfgang Mattes, Rémy Danquin, décembre 2015, p. 148-149.
aquarium_52methodes_pratiques_pour_enseigner